LES FRASQUES DE GRÂCE KELLY ET AVA GARNER
Coup de foudre au bordel
En fait, ce que la presse décrit comme une romance à l’eau de rose est une aventure autrement incandescente. Personne ne saura à l’époque, que l’hospitalisation d’Ava Gardner à Londres pendant le tournage cachait un avortement. Fin janvier 1953, Ava et Grace débarquent à Rome, de retour d’Afrique. C’est l’occasion, pour celle qu’on surnomme « le plus bel animal du monde », d’initier sa nouvelle amie à l’un de ses passe-temps favoris : la visite des maisons closes. Ensemble, elles s’en vont interroger les prostituées, boire des verres, se renseigner sur les pratiques locales. Dans la Ville éternelle, Ava a un guide idéal : le légendaire directeur de la photographie Robert Surtees, qui vient de passer un an à « Hollywood-sur-Tibre » pour le péplum Quo Vadis et connaît les établissements les plus réputés. Le chauffeur de cette mémorable soirée, Guido Volta, a tout raconté au journaliste Darwin Porter. Durant cette virée nocturne, il assiste au coup de foudre de Grace Kelly pour l’un des serveurs du dernier bordel où s’arrête le petit groupe. L’élu s’appelle Antonio Guarnieri et on l’imagine sous les traits d’un jeune Mastroianni : « Il était d’une beauté frappante. Juste avant l’aube, je les ai tous ramenés à l’hôtel Excelsior, via Veneto. Je suis revenu trois jours plus tard, pour ramener Miss Kelly à l’aéroport. Ils se sont donné le plus long baiser d’adieu de l’histoire. » Guido reconduit en ville le bel Antonio, tout mélancolique sur la banquette arrière. Clap de fin sur cet épisode très dolce vita.