MA RENCONTRE AVEC THYDE MONNIER

C’est à cette époque que je croisais dans une librairie du Vieux-Port, toute proche de la Samaritaine, une femme curieuse, petite de taille, assez forte de corpulence, pas très vieille, mais plus vraiment jeune. Elle portait un tailleur de grande classe, des chaussures d’excellente qualité, un sac magnifique, mais un chapeau ! Ah, mais quel chapeau ! Il ressemblait un peu à celui d’Artagnan, peut-être en plus petit, mais je ne pourrais le certifier.

La propriétaire du magasin était une femme blonde et sympathique. Elle avait de l’affection pour moi. Elle savait que j’écrivais.

— Voilà un écrivain en herbe, lança-t-elle en me désignant.

— En petite herbe, rectifia la dame au chapeau. En petite herbe...

J’avais devant moi la grande, l’unique, l’écrivain alors célèbre : Thyde Monnier, et c’est grâce à cette rencontre que je devais devenir occasionnellement son élève. Lorsque je partais pour Nice, le manuscrit sous le bras, je descendais souvent chez oncle Michel et tante Raymonde. Avec un gracieux sourire, découvrant ses petites dents pointues, tante Raymonde prenait ses cartes et à mon plus grand plaisir, elle me faisait des réussites. J’adorais ça. De plus, ma tante disait toujours avec la plus grande précision ce qui allait m’arriver. Puis, je passais un coup de fil de chez le commerçant du coin et, direction Cimiez et l’Oiseau Chanteur...

A suivre…