LES MEDECINS DE LA PESTE.

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EXTRAIT LE CHEVALIER ROZE

Marie attendait un reproche, mais Mouffant ne lui adressa pas un regard. En toute hâte, il devait déballer fioles et plantes avant d’aller vers Nicolas.

La jeune fille s’était éclipsée. Elle était restée tout le jour auprès du Chevalier à le faire boire, à appliquer des oignons sur ses plaies, à embrasser sa bouche et lui dire qu’elle l’aimait. Lentement, elle s’était dirigée vers la mer et contemplait le coucher de soleil. Plus tard, Mouffant devait venir vers elle. Il était exténué.

— Il s’est endormi. La fièvre est violente, mais si les bubons parviennent à s’ouvrir, nous pourrons obtenir sa guérison… Je suis terrifié de ce que j’ai vu, désespéré de ce que j’ai entendu. Tous ceux qui ont participé au dégagement de la Tourette ont succombé ou en train de rendre l’âme. J’ai croisé des confrères accoutrés comme des épouvantails et, pendant que j’attendais devant l’herboriste, l’un d’eux m’a indiqué qu’une femme était morte de frayeur en l’apercevant. Ils portent toujours cette effroyable robe de toile cirée qu’ils arrosent à tout moment de vinaigre, ils ont sur le creux de l’estomac un sachet contenant du camphre, du sang humain et un crapaud desséché, ils mettent de la racine d’angélique dans leur bouche, de l’essence de bergamote sur le corps et ils ne se séparent jamais du bâton de Saint-Roch, long de dix pieds dont ils se servent pour écarter les passants.