LORS DE LA FÊTE DIEU.

Extrait : Le chevalier Roze.

Le jeune homme s’est arraché de ses folles débauches, pour retrouver Marseille où sa famille était absente. Augustine, la vieille domestique lui avait dit alors :

— Il n’est pas nécessaire de les rejoindre. Nous sommes à la veille de la Fête Dieu et Mademoiselle Élisabeth apprécie ces réjouissances. Je ne sais si mademoiselle Marie viendra également. Elle n’a jamais montré d’enthousiasme à cette tradition, et ses parents sont plus tolérants avec elle, parce qu’elle gagnera bientôt le couvent…

Charles ne s’est pas délecté de cette nouvelle et il ne peut définir s’il éprouve de la compassion pour la jeune cousine, ou si l’entrée dans les ordres de cette dernière coïncide avec le mariage de sa sœur aînée. Dans tous les cas, il a toujours eu en horreur ces festivités que l’on dit religieuses, mais qui sont imprégnées d’un parfum de paganisme et d’une certaine barbarie. Ces manifestations se déroulent dans chaque quartier de la ville qui, pour la circonstance, est décoré avec soin. Sous des chapiteaux multicolores sont jouées des scènes de la bible, tandis que le peuple en liesse, chante, hurle, fait des farandoles. Chaque jour, une confrérie de pénitents fait procession avec crucifix et bannières, l’une d’elles porte une croix immense sur laquelle est cloué un malheureux pigeon blanc. Les ailes déployées et la tête en bas, l’animal agonisant mourait avant la fin de la parade.

Charles exècre cet ignoble rituel qui ne témoigne nullement de la bonté divine. Il rappelle les assemblées infernales se délectant de la souffrance et savourant les forces du mal.