NAÏCHE, FILS DE COCHISE

Extrait : La Montagne du Diable

Ce soir-là, Mary était allée vers un ruisseau, elle voulait contempler le coucher du soleil et écouter la source qui émettait un chant cristallin. Mary n’avait perçu aucun craquement, mais n’avait pu retenir un cri. Naïche était devant elle, avec sa poitrine nue et le bandeau qui enserrait son front. Il restait immobile, le visage fermé à tout sentiment. Mary était inquiète. Après l’avoir tant attendu et tant souhaité, voilà que le Chiricahua lui faisait peur. Lentement, il avait touché le couteau qui pendait à sa ceinture et elle se demanda s’il était venu pour l’abattre. Enfin, le regard du guerrier se fit plus doux, ses lèvres ébauchèrent un léger sourire.

— Tu es apeurée de ma présence ? Je pensais au contraire que tu l’attendais… On prétend que ton visage et ton corps font naître des émotions fortes. On m’a certifié que tu avais sauvé Yuma et l’enfant de Dahale. Lors de mon retour, je ne suis pas venu vers toi, parce que mon cœur avait frémi. Tu es la femme de Yuma et cela a peu d’importance. Tu as appartenu à Dahale et tu as passé une nuit avec Dezba, ce qui signifie que tu es belle et que tu es désirée. J’ai eu envie de toi, et pour t’avoir, j’ai usé de la même méthode que j’emploie pour bêtes sauvages qu’il me plaît de séduire. Je t’ai dédaignée et tu as été surprise. C’était la première fois que l’on restait insensible à ton charme. J’ai demandé à Ha-o-Zinne de ne pas rejoindre mon tipi que j’ai bâti pour toi. Rapproche-toi si tu le souhaites, sinon, je partirai.

Il avait poursuivi :

— Les Indiens ne font pas la différence entre un Blanc qui est né sur nos terres et un autre qui est venu pour nous chasser. Nous arrivons d’un raid qui a fait de nombreuses victimes. Je ne supprime pas les enfants. Je laisse mes compagnons se charger de cette basse besogne. Je ne sais si tu pourras approcher un guerrier sanguinaire et si tu pourras te presser contre un misérable assassin.