HOMMAGE A JEAN-PHILIPPE

Jean-Philippe que je considérais comme mon filleul et que j’appelais : Mon Fifinet,  était un cavalier de l’âge de mon fils. Cependant, contrairement à mon fils, il avait le privilège de participer à tous les concours et de gagner toutes les coupes. Était-ce un privilège ou un orgueil déplacé d’une mère abusive ? Je ne saurais le dire et je n’irais pas dénigrer. Toujours est-il qu’on lui avait inculqué dès son plus jeune âge, des goûts de luxe qui n’étaient pas en rapport avec son existence à venir.

Jean-Philippe était beau et charmeur, il trouvait toujours le moyen de nous faire rire, il plaisantait sans cesse, peut-être afin de cacher le mal qui allait l’emporter. Ses farces étaient nombreuses. Nous avions pour amie une fille super sympa et constamment prête à rendre service. Si elle avait le cœur sur la main, physiquement, elle n’était vraiment pas folichonne.

Un jour, alors qu’il préparait un repas, il déclara qu’il tenait absolument à inviter Michelle. Et comme j’étais surprise de ce soudain intérêt, il m’indiqua qu’il l’aimait beaucoup et qu’il désirait absolument la voir à mes côtés. Je priais donc Michelle de m’accompagner à cette soirée.

Dès mon arrivée, un superbe garçon vint vers moi. Il était grand et portait des petites lunettes, ce qui lui allait agréablement. Il avait une mèche sur son front et un séduisant sourire. Bref. Il me faisait un brin de cour et je n’étais pas contre. Il avait une voix grave, de très belles dents. En un mot, il me plaisait et je lui plaisais aussi. À un certain moment, il réalisa qu’il manquait à tous ses devoirs et proposa élégamment d’aller chercher des boissons. Je l’attendais. Vêtu d’un jean et d’une chemise à carreaux, il avait vraiment beaucoup d’allure. Il revint vers moi le sourire aux lèvres, mais au moment où il tendit le verre, je constatais avec stupeur qu’il ne s’agissait pas d’une main de garçon. La douce romance s’acheva tristement.

Le lendemain, je remerciais Fifinet de cette gracieuse réception et lui demandais une nouvelle fois la raison pour laquelle il avait absolument tenu à ce que j’arrive flanquée de Michelle. Je savais qu’il riait à l’autre bout du fil. Il déclara entre deux hoquets :

— C’était afin de dire aux copains que vous étiez ensemble.

Je ne m'en suis jamais remis.