OBJETS INANIMES AVEZ-VOUS DONC UNE ÂME ?

Mon ouvrage " La Montagne du Diable" narrait l’histoire des Barcelonnettes au Mexique et surtout l’existence de Victor Gassier, qui ramena une opale en gage d’amour à sa bien-aimée. On ne maîtrisait pas alors la taille du diamant et l’opale atteignait souvent des sommes faramineuses. Cette opale avait paré le doigt d’Albertine du Chaffaud, épouse de Victor, puis elle revint à sa fille aînée Gabrielle. Je fus l’épouse de son petit-fils et cette bague m’était destinée, mais je la reçus plus tard, des mains de ma belle-mère tremblante de frayeur qui avait affronté durant des heures la compagnie des cambrioleurs. Ces derniers n’avaient pas vu la bague qui se trouvait entre deux chiffons. S’était-elle cachée ?

Pour les besoins de mon livre sur les Amérindiens, je sors la bague du coffre, je fais des photos. Je publie mon ouvrage et le commentaire peu élogieux, visant à une prétendue malédiction de ce triste joyau. Je la ramène à la banque et, comme je suis très romantique, j’ouvre l’écrin afin de lui dire « Au Revoir ». Je reste alors pétrifiée. La bague sans éclat se met à jeter des étincelles. C’était comme un feu d’artifice qui fusait sans discontinuer. Je restais très longtemps à regarder ce merveilleux phénomène, puis j’embrassais l'opale et refermais la boite. Voulait-elle ne pas me quitter ? Je n’en sais rien. En tout cas, je puis jurer sur la Sainte Église que cela est pure vérité.

Alphonse Lamartine avait écrit : Objet inanimé avez-vous donc une âme. Ce jour-là, j’ai su que les objets avaient une âme, et si nous les aimons, je suis certaine qu’ils nous aiment aussi. J'avais constaté un phénomène similaire il y a une vingtaine d'années. Je possédais une étoile de David, et une hurluberlue prétendait qu'elle me portait malheur et me sommait de m'en débarrasser au plus vite. Ecoutant la voix que je croyais être de la sagesse, au cours d'une promenade en mer, je jetais mon étoile d'or. A ce moment là le ciel s'est noirci durant quelques secondes.