LE DUC DE VILLARS. GOUVERNEUR DE PROVENCE.

     EXTRAIT : LE CHEVALIER ROZE.

— Le duc de Villars ?

Eugénie est étonnée. Comment ce Maréchal, Gouverneur de Provence, pourrait-il s’intéresser à leur plus jeune fille ? Comment et pourquoi ? Chacun sait que Claude-Louis de Villars est un homme remarquable par sa prestance, ses études, sa carrière militaire qui l’a placé au rang des grands conquérants. Chacun sait qu’il est l’époux d’une délicieuse créature, mais certains affirment qu’il lui préfère les jolis garçons.

— Ne songez point aux nombreux commérages. Le Gouverneur de Provence désire que notre Marie se tienne à sa disposition pour l’arrivée de Mademoiselle de Valois !

— Ce ne sont pas des commérages. J'ai appris récemment  qu'il est tombé sous le charme du jeune prince d'Eisenbach auquel il a déclaré sa flamme. Le prince était si en colère qu'il voulait le faire fouetter ! 

— Cela n'a aucune importance ! Le duc de Villars a choisi notre fille pour accueillir cette noble personne. L’image de Marseille sera représentée par notre belle Marie, n’êtes-vous point satisfaite ?

— Marie est notre cadette et elle va bientôt gagner le couvent.

— Marie ira au couvent après le mariage de sa sœur. Quant au séjour de Mademoiselle de Valois, il sera bref et il est fixé pour le mois de mai !

— Nous ne pouvons faire subir une pareille humiliation à Élisabeth qui est notre aînée.

— L’humiliation sera la même pour toutes les filles de Marseille ! Avez-vous conscience de l’honneur qui nous est fait ? Marie a été désignée et je n’ai nullement l’intention de rejeter cette offre, je n’ai ni le désir ni le pouvoir de me brouiller avec Seigneurs et Échevins !