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MBGC Editions Monique Bellini

LA DEVINERESSE DE LA BELLE DE MAI.

31 Juillet 2022 , Rédigé par MBGC Editions Publié dans #Extraits des livres

 

 

           

 

        Lùnetta racontait souvent l’histoire de cette pauvre fille qui travaillait en usine et dont le mari était sur le front. Elle était seule, malheureuse, son divorce allait être prononcé. On lui donna l’adresse d’une tireuse de cartes qui créchait dans le quartier de la Belle de mai. Ce n’était pas la porte à côté lorsqu’on habite le quai du port.

        C’était l’hiver. Pour en agrémenter la salade, la gentille Lùnetta affirmait qu’il neigeait. À la sortie de l’usine, la fille prit plusieurs tramways et tant bien que mal arriva chez la devineresse. Sans grande conviction, elle s’installa dans une pièce sombre, devant une petite table recouverte d’un tapis usé. La Pythie lui parla de banalités, puis arriva le tour des sentiments. 

            — Il y a eu une légère rupture avec votre époux, mais tout va rentrer dans l’ordre...

            — Sûrement pas ! Nous allons divorcer !

         — Vous ne divorcerez pas. Vous allez le voir bientôt, vous allez le voir très vite.

         — C'est impossible. Il est à la guerre. Je n’ai plus aucune nouvelle depuis des mois.

             — Vous allez le voir bientôt... Vous allez le voir tout de suite.... Ce soir, vous l’aurez dans votre lit. 

           L’ouvrière était écœurée. Elle quitta la cartomancienne en se maudissant d’avoir perdu son temps et son précieux argent. Elle allait entrer chez elle, un peu plus fauchée et un peu plus triste.  Il faisait sombre, il faisait presque nuit.

         Pour attendre le tramway, elle se mit sous l’abri. Un militaire était un peu plus loin. Il faisait froid. Le militaire avait le bonnet enfoncé sur ses oreilles, le col de son manteau était relevé. Au bout de quelques instants, le militaire la regarda, elle tourna la tête et poussa une exclamation de surprise. Était-ce possible, était-ce le fruit de son imagination ? La femme qu’elle venait de quitter était une sorcière.  Son mari était là devant elle, il la contemplait, il venait vers elle, elle dont les yeux étaient remplis de larmes. Lorsqu’ils furent tout proches, il la prit dans ses bras, ils se dirent, « Je t’aime ».  Ils ne voulaient plus se quitter. La séparation leur avait fait comprendre, combien ils avaient besoin l’un de l’autre !

 

C'est pour ça que dans la famille, nous apprécions les diseuses de bonne aventure.

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