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MBGC Editions Monique Bellini

QUELQUES MOTS SUR LA PESTE DE MARSEILLE

27 Avril 2024 , Rédigé par MBGC Publié dans #Extraits des livres

Extrait : Le Chevalier Roze.

En ce mois de juin 1720, chacun est fébrile. Une femme est morte à la rue Belle-Table. Il s’agit de Marguerite Dauptane que l’on surnomme la Jugesse. On tente de se rassurer en songeant que, bien avant la venue du Grand Saint-Antoine, « il est tombé quelques malades qu’on craint que ce soit du mal contagieux ». Chacun est à l’affût d’un quelconque malaise et on tente de se rassurer.  Si la femme a péri dans cette rue sordide, c’est qu’elle manquait de pain ou qu’elle avait contracté quelque mauvais typhus. Cependant, la place du Palais n’était pas des plus viles, et un tailleur devait y trépasser ! La contagion est concentrée à la rue des Échelles, où chaque maison compte un ou plusieurs malades et il est impératif d’isoler cet accès nauséabond. Malgré tout, dans une ruelle proche de la place de Lenche, un garçonnet du nom de Scalène est emporté en quelques heures, et le reste de sa famille le suivra peu après. Vers la mi-juillet, un certain Bayol venu du Levant a quitté les Infirmeries, il tomba malade et mourut dans le trajet qui le ramenait à l’hospice. Les Échevins tentaient d’apaiser les craintes, cependant, les disparitions soudaines échauffaient les esprits et semaient la panique. On était fébrile et on se posait des questions. Qu’est-il arrivé au fripier Job et aux membres de sa famille ? Ils vivaient pourtant loin des Échelles, tout près de la place des Prêcheurs. Et le tailleur Bouche, qui se trouvait prétendument sauvé et qui a perdu tous les siens ? On s’interdit de prononcer le mot fatidique. Le docteur Sicard sera le premier à avoir l’audace de dénoncer la peste. Sans doute afin de ne pas ralentir le trafic commercial de la cité, les Échevins diligentèrent en toute hâte un médecin expert du nom de Bouzon, qui identifie de simples fièvres malignes. Un hasard bienveillant réconfortait le peuple : du 15 au 21 juillet, aucun cas ne fut signalé. La crainte était balayée, l’espoir renaissait, la foule injurieuse invectivait médecins et hommes de sciences.

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