SOUVENIRS DE CARBUCCIA

Dans les jours qui suivirent, Angeot ne fit aucun effort pour me rencontrer. Je dois avouer que je restais peu au village. À mon grand bonheur, je passais le plus clair de mon temps à Véro chez mon oncle et ma tante Orsoni. Cette année-là, en compagnie de mes frères et de ma cousine Jeannine, je pris le chemin des Calanques et je fis un séjour à Calvi. La fête du village était prévue pour la fin du mois. Toussaint allait venir. J’avais hâte de le revoir, mais en même temps, j’étais inquiète. Cet ami d’enfance n’était plus le même, tout comme moi, il avait grandi, il avait changé, il était devenu, paraît-il très grand, très beau, très sportif. Il faisait des plongées sous-marines. Il récoltait des médailles et les managers du continent envisageaient pour lui une éblouissante carrière dans certaines disciplines, notamment le tennis et le rugby. Toussaint avait rejeté toute proposition, il ne voulait pas quitter son île et sa maison au bord de la mer. Toussaint était le plus beau garçon d’Ajaccio.