LIVIA TOME 3. MAURICE RAVEL
— Je vais quitter cet appartement. Je ne sais où je vais aller dans l’immédiat, mais mon but est de dénicher une bicoque hors de Paris et loin d’un voisinage afin de pouvoir me consacrer à mon travail à toute heure du jour et de la nuit. Je rêve de décorer cette maison, de poser les papiers peints, d’y faire les peintures, je voudrais des rideaux aux étoffes soyeuses, des objets précieux et un jardin où il y aurait des plantes exotiques, des arbres miniatures japonais… Y viendrez-vous, Coucou ? Serez-vous encore à Paris à ce moment-là ? Vous serez proche de moi, parce que je veux ! Je souhaite garder votre présence qui m’émeut, m’éblouit, m’inspire des sentiments complexes que je ne parviens pas à définir et que je ressens pour la première fois. Dès que je vous approche, de multiples symphonies s’emparent de mon esprit, de mon corps, de mon âme, des œuvres qui ressemblent à du vent dans les feuilles, des sources enchantées, des musiques qui sont tour à tour limpides et torturées. Lorsque je pense à vous, je vous imagine vêtue d’une robe claire et vaporeuse, vos cheveux sont doucement taquinés par une brise douce et parfumée. Vous êtes une fée, un être irréel et magique, et je tremble à la pensée que vous puissiez disparaître, vous évanouir dans un mode où je serais étranger…