CASINO. RIVIERA ET SUICIDE DE LUNETTA

            Que ce soit rouge ou noir, c’est toujours Blanc qui gagne ! 

            Grand-mère connaissait à fond l’histoire des Casinos. Elle en avait la nostalgie, car au lieu de dépenser son argent chez Pédicot, la petite mercière, elle aurait préféré le flamber sur le tapis vert. Cela n’était qu’à la mesure de ses rêves, mais ses rêves avaient une telle puissance qu’ils devenaient presque réalité.

            Tout porte à croire que, lorsqu’elle s’allait créditer un ensemble chez Pédicot, elle avait la conviction profonde, qu’il lui servirait pour une grande première, un dîner aux chandelles avec un prince consort ou une virante dans une Torpédo sur la radieuse Riviera.

            La Riviera… Comme cela devait être beau, comme elle avait eu de la chance la petite gitanette, avec son orgueilleuse jeunesse et son châle troué. Pour ses beaux yeux, combien d’hommes se sont fait sauter la cervelle ? Les journaux la qualifiaient de : « Sirène du suicide » quelle gloire. Quel succès ! Grand-mère était rêveuse. Pour elle, la gentille Lùnetta, qui aurait bien pu passer de vie à trépas ? Peut-être un moucheron.

Elle était pourtant séduisante, la grand-mère conteuse, mais elle n’avait pas mis sa beauté au service de la vie mondaine. Non parce qu’elle ne se trouvait pas assez jolie, simplement parce qu’elle n’avait pas le moindre courage. Et si elle rêvait de grandeurs, le rêve devait certainement lui suffire. Son existence était faite de médiocrité.