LE CHÂTEAU DE LONGCHAMP.

Livia connaît cette route qu’elle a empruntée bien des fois, et elle a l’impression de s’en être absentée afin d’effectuer quelques emplettes dans la capitale. Pourtant, Livia éprouve de nouvelles angoisses, elle se rend chez des êtres qui l’ont comblée de bienfaits et qu’elle a abandonnés sans un message, sans un adieu. Quel regard vont poser sur elle François et Yvonne ? Elle en tremble, mais il lui est impossible de se dérober, elle est l’épouse du docteur Monteuil et c’était à lui de révéler son identité.

Très vite, la voiture est parvenue à cette ancienne forêt de chênes rouvres où elle s’est promenée si souvent en compagnie de son jeune époux. Sa main ne presse plus celle de Joseph, mais froisse le sac de perles de jais. Livia ne veut plus penser à ces instants magiques alors qu’ils allaient vers la cascade, qu’ils marchaient le long du ruisseau.

Mady a levé le pied de l’accélérateur. Elle n’a jamais vu cette demeure et désire ardemment s’imprégner de cette image de mystère et de grandeur. Lentement se rapproche le bâtiment illuminé, constitué d’un pavillon de deux étages et flanqué de deux ailes basses surmontées de gracieuses terrasses. Maddy compte cinq fenêtres au premier, trois baies immenses de chaque côté.

— Quelle chance tu as eue de vivre dans un pareil château.

— François Coty ne partage pas cette opinion. Il attend la fin des hostilités pour le faire raser en totalité et en construire un autre.

Maddy a eu un léger sursaut et a tourné la tête. Mais l’heure n’est plus à la conversation, elle attend patiemment que le véhicule qui la précède ait redémarré pour se diriger vers l’entrée.