LE SERMENT D'ISAURE. LE DOMAINE DE FRANCON.

— Je suis heureuse d’aller à Biarritz. Lorsque j’étais enfant, je m’y rendais très souvent avec maman. Elle adorait cette ville où elle pouvait côtoyer les grands de ce monde, elle y avait beaucoup d’amis. Nous nous rendions parfois chez Hilda Pennington, la propriétaire du fameux domaine de Françon. Au siècle dernier, son père s’était entiché de la Côte basque et en bon richissime qui se respecte, il avait fait bâtir ce somptueux château. Je me souviens de son magnifique escalier où à mi-montée, se trouvait un salon de lecture. C’était mon lieu de prédilection, dès mon arrivée je m’y installais afin d’en contempler les vitraux qui relataient trois contes de Grimm : Blanche-Neige, Cendrillon et le petit Poucet.

Julien écoute. Il est ravi. Elle parle délicieusement. Elle est belle merveilleusement. Que va-t-il advenir ?

— John Pennington possédait une fortune considérable, acquise dans les filatures de coton, il était anglais et avait épousé une jeune et jolie Américaine. Grâce à son argent, il devait donner un nouvel essor à la station balnéaire qui était déjà très en vogue. John Pennington fut le fondateur du British-Club de Biarritz, il a également lancé la mode de la chasse au renard, mais comme il n’y avait pas de renards dans la région, il les a importés d’Angleterre, il donnait des fêtes somptueuses. Le domaine de Françon s’étendait sur vingt-cinq hectares et sur toutes les terres, il fit planter les espèces les plus rares venues de tous les pays. Cela aussi fut copié par les autres propriétaires. Il s’en trouve chez nous. J’espère que tout ne sera pas déraciné.

De nouveau, il sait qu’elle a mal, qu’elle souffre. Il voudrait arrêter la voiture, se tourner vers elle, la prendre dans ses bras, lui dire qu’il n’a nullement l’intention de la chasser de sa demeure, mais d’en faire la propriétaire des lieux. Il voudrait lui dire qu’il l’aime, qu’il désire l’épouser.