LA SEMAINE PROVENCALE ET MARTINE SESSLER.

         

Ce fut le temps de la «Semaine Provençale » pour laquelle je garde un souvenir attendri. « La Semaine Provençale » était un hebdomadaire qui ne comptait que des battants. Parmi eux se trouvait la super star, la benjamine surdouée, super sympa, déjà célèbre étant donné qu’elle avait fait la une des journaux qui l’avaient fiancée à Johnny Hallyday.

Martine était une artiste accomplie, elle aurait pu avoir un fabuleux destin. Prix de Rome, elle avait un très grand talent et une profonde modestie. Était-elle trop modeste ? L’existence l’avait-elle pourvue trop tôt de ses grâces divines ? Martine n’avait pas eu de chance, et sans doute n’en avait elle pas voulu. Après avoir loupé la majeure partie de son existence, elle devait nous quitter alors qu’elle nageait dans le bonheur. Elle était heureuse ce jour-là au bord de sa piscine. Elle était heureuse en plongeant dans cette eau bleutée. Ce fut son dernier plaisir, son dernier sourire.

Martine avait perdu la vie au grand soleil, en plein été.

Lors d’une rencontre, je sollicitais un souvenir de mon amie, je désirais instamment le dessin que je n’avais jamais demandé. Après avoir un peu rechigné, elle exécuta au stylo le portrait tourmenté d’une belle gamine accompagnée de son cheval. Elle avait mis pour dédicace :

Pour M…, Amuse-toi bien…

Nous nous connaissions depuis presque trente ans. C’était la première fois que je réclamais une esquisse.

Je ne devais jamais la revoir…