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MBGC Editions Monique Bellini

FESTIVAL DU LIVRE ET AFFAIRE GAUFRIDY.

13 Mars 2020 , Rédigé par MBGC Editions Publié dans #bonus

 

 

Sans en connaître la trame, le nom de Gaufridy et celui de Magdeleine Demandolx me causait un sentiment étrange, je ne puis définir ce que je ressentais vraiment, mais j’éprouvais une sorte de tourment, une déchirure.

1973. Je commence à prendre des notes à la Bibliothèque, où je suis scotchée durant des jours. Les bouquins ne pouvant pas quitter les salles de lecture, le soir, j’ai des crampes dans la main. Comme il était d’usage alors, je commence le livre par un brouillon et une fois terminé, je me cale devant la machine à écrire avec une réserve de papier, une pile de calque. Oh, mais que c’était difficile à ce moment-là. Il fallait vraiment avoir envie d’écrire. Si on faisait un manque, il fallait gommer, souvent on recommençait la page et quelquefois, on s’apercevait que, dans la hâte, on avait placé le calque à l’envers !

L’Affaire Gaufridy comme je l’avais intitulé avait été tapé et retapé, puis il avait pris le chemin des maisons d’éditions parisiennes où il n’était pas facile de se faire une place au soleil, même si l’ouvrage présentait une valeur réelle. Je n’ai pas conservé les lettres de retour qui se résumaient à la formule suivante : Nous vous remercions de nous avoir soumis…, L’ouvrage que nous avons parcouru avec intérêt…. Malgré ses indéniables qualités, il ne peut trouver place dans aucune de nos collections. Et vlan ! Ces lettres sont sobres, parfois bienveillantes, mais le manuscrit et renvoyé avec une odeur pestilentielle de tabac froid. Les mois passent, les années. Je ne me décourage pas et je continue d’écrire des articles. À quelque temps de là, j’apprends que Julien Sarrazin a créé une maison d’édition à Paris et a écrit un ouvrage qui sera publié chez Robert Laffont.

Parce que j’affectionne particulièrement Albertine, parce que sa mort m’a affligée, révoltée, j’envoie l’affaire Gaufridy à son époux et pour la première fois un éditeur prend la peine d’écrire des lettres manuscrites, m’appelle au téléphone. J’ai toujours apprécié le côté sympathique du mafieux au cœur tendre. Nous conversons, il m’appelle après son voyage au Canada. Je veux absolument faire un article sur le roman qui vient de paraître et qu’il doit présenter à Nice au Festival du Livre.

1975. Je suis heureuse de retrouver la bonne ville de Nice où j’ai effectué de nombreux séjours. Thyde Monnier n’est plus là pour m’ouvrir les portes de l’Oiseau Chanteur, mais elle m’a apporté un peu de son savoir et restera à jamais présente à mon souvenir. De bon matin, je me pointe au grand Palais. Suivant mes chères habitudes, je ne prends aucune note, mais je démarre mon article par ces mots : Tout a commencé par le colloque « Bibliothèques, moyens de Cultures ». S’il est vrai que les Libraires et Éditeurs boudent ostensiblement les Bibliothèques, il est vrai aussi que ces dernières offrent une grande diversité d’exemplaires qui entrave parfois la commercialisation. Cependant, je n’entrerai pas dans ce conflit qui est sans issue. Les Bibliothèques sont de plus en plus riches et leur disparition n’entraînerait pas pour autant une recrudescence de lecteurs. « Les Français ne lisent pas, dit-on. Les livres se vendent mal ! » Eh bien non, les Français lisent peu et les livres s’achètent à condition qu’ils vaillent la peine d’être parcourus et qu’ils décorent agréablement leurs vitrines.

C’est au sortir de cette conférence, que j’engage la conversation avec une dame charmante dont j’ai oublié le nom et qui était la conservatrice de la Bibliothèque d’Aix en Provence. Nous discutons bouquins, de la bonne cité aixoise, je lui indique que je suis au Festival pour la rédaction de différents articles, mais que j’ai écrit un roman sur l’Affaire Gaufridy. Là-dessus, l’agréable personne a un haut-le-corps :

— Comme c’est étrange, Monsieur Raymond Jean est en train d’en effectuer les recherches. Il me dit : Donnez-moi la documentation. Vite, je dois le faire paraître très vite !

Je n’apprécie nullement ! Était-ce une coïncidence ? Pourquoi pas ! Chacun peut se pencher sur un sujet qui a déjà fait couler beaucoup d’encre. J'appris que Raymond Jean était lecteur aux Éditions Albin Michel qui avaient si élégamment refusé mon livre, mais le soleil brille pour tous et si cette nouvelle ne m’avait pas enchantée, elle n’allait pas m’abattre !

1976. Alors que mon ouvrage est entre les mains de Laurent-Théodore Aubanel, Raymond Jean fait paraître La Fontaine Obscure. Certes, cela n’est pas facile à accepter, mais c’est ainsi ! Mon livre se retrouvera dans le tiroir et celui du professeur aixois deviendra un best-seller. Je n’ai jamais lu La Fontaine Obscure, ce n’est qu’après avoir fait scanner mon vieux manuscrit que je l’ai à peine parcourue. J’ai pour habitude de lire la fin d’une histoire avant d’en entamer le début. Je découvre que Raymond Jean a occulté des faits de la plus grande importance relatés dans tous les ouvrages. Lors de l’exécution, Antoine de Montauroux assassine Esprit de Lestang Parade, puis blesse une demoiselle ; un jeune garçon tombe d’un arbre et meurt la tête fracassée sur le sol. Raymond Jean pense que peut-être, Magdeleine est venue contempler une dernière fois le bel amant avant qu’il disparaisse dans les flammes. Magdeleine se trouvait enfermée dans la prison du Palais Comtal, et même si elle eût été libre, elle ne se serait pas hasardée sur la Place des Prêcheurs où la foule hurlante réclamait la sorcière. J’ai continué de feuilleter l’ouvrage de Monsieur Jean.

Page 39. La maison du Seigneur de Gréoulx se trouvait dans la banlieue de Saint-Barthélémy, quartier des Escaliers. Elle s’appelait Fontoscure. Une maison ne s'appelle pas, Monsieur R Jean. Cette faute est permise à un adolescent, pas à un prof de Faculté.

Page 39. L’avenir de sa plus jeune fille (Magdeleine)

Magdeleine était l’aînée.

Page 42. Nous sommes en 1608. Magdeleine a été la maîtresse de Gaufridy durant l’été 1606.

Page 43. On rencontre au détour d’un bosquet le frère de Magdeleine et Claire, sa sœur (qui, mariée, n’était là que de passage et qui, de toute façon, devait se retirer assez vite de la scène de ces évènements.) Claire est née en 1594 à Aix en Provence. Mariée en 1617 à Alphonse Massia né à Béziers en 1590.

Page 44. Il a gardé de son enfance ses yeux clairs, ses boucles brunes… Tous les textes déclarent que Gaufridy avait des cheveux blonds.

Lors du chapitre du Sabbat, Raymond Jean prétend que Gaufridy fait l’amour à Victoire Corbie. Lors du procès, cette dernière ne manquera pas d’avouer avec mélancolie que le beau vicaire des Accoules, après avoir embrasé son cœur, n’avait rien fait pour en éteindre les flammes.

Page 230. Sur trois lignes, nous trouvons Turricella écrit de façon différente. Monsieur Jean devait faire très vite. Quelques erreurs n’ont que peu d’importance. Il a quand même pondu un best-seller !

Vous trouverez ci-jointes : lettres de Julien Sarrazin, celles d’Aubanel. Celle de Raymond Jean auquel je n’avais pas manqué d’écrire. Ce dernier m’indique qu’il serait heureux de connaître et de suivre mes projets. Quelques mois plus tard, je lui envoyais un courrier auquel il n’a jamais répondu !

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